ŒUVRES SUR PAPIER
Les dessins présentés dans la sélection sont le fruit de recherches sur les limites de la matérialité : des images fantomatiques, qui jouent des effets d’optique et troublent les sens. Les monochromes à l'encre deviennent des masses que les yeux modèlent pour tenter d’y déchiffrer une logique et des signes ; ils permettent un arrêt, une évasion.
De leur côté les motifs sont démultipliés à l’infini, remplis de trames. Ils forment des modules autour de tâches - référence aux Surréalistes - et produisent une désorientation ainsi qu’une perte de lecture. Méconnaissables, brouillées dans les modules prolifératifs, les formes envahissent avec densité l’espace de la page. Chaque dessin, réalisé sur papier est empreint de gestes, d’actions mécaniques dans lequelles l’encre (projetée, essuyée, frappée ou tamponnée) est utilisée comme médium de composition, définissant une zone de travail sur laquelle les motifs sont apposés.
Au centre de mes recherches plastiques il y a la nature et ses 
motifs végétaux, évolutifs, imprévisibles, mouvants qui entrent 
en contraste avec les actions mécaniques et répétitives du quotidien. Ces motifs symboliques entrent également en confrontation avec l’environnement urbain omniprésent et parfois oppressant, ainsi la nature devient alors le négatif de la ville créant une ambivalence indispensable à mes travaux.

 

En 2011, j’entame les carnets avec l’idée de me créer une identité visuelle : les années précédentes, j'avais beaucoup fréquenté le milieu du street art et à cette période, je passais mon temps à griffonner sur tous les supports. Un motif graphique, mêlant formes végétales et organiques est très vite devenu une obsession, le caractère mécanique et répétitif qu’offrent ses formes devient prétexte au dessin. Autour de ce carnet se crée tout un mécanisme de production : j’avais pris pour habitude de photocopier puis assembler les formes entres elles, renouveler l’action de copie en les froissant, déchirant puis photocopiant de nouveau, jusqu’à saturation de l’espace de la feuille.

Après une année à travailler ces 
formes, j’ai entrepris une nouvelle 
série de carnets dans lesquels 
j’expérimente l’encre. Je m’interroge 
sur le pouvoir de mutation et de 
projection en prenant pour point de 
départ les tests de Rorschach. Ce test permet dévaluation psychologique de type projectif et sert à évaluer la personnalité des sujets examinés.
Le protocole est toujours le même : 
à l’encre avec un mouchoir ou un 
papier froissé, j’applique dans les 
carnet de manière mécanique sans 
prêter attention à une quelconque 
mise en page, jusqu’à ce que l’encre 
s’épuise. Je procède ainsi sur 5 ou 6 
pages puis j’y ajoute mon motif.